Dans la vie de tous les jours, les gens se retrouvent souvent à remplir et à jouer des rôles. Des rôles qui évoluent au fil du temps, des rencontres, des situations et des humeurs. La société moderne est de plus en plus constituée de compartiments étanches qui ont pour fonction de regrouper nos rôles dans des classifications préconçues et stéréotypées. C'est à partir de ces problématiques affligeantes que la recherche artistique d'Ivan Lardschneider émerge massivement pour le sens et la grande capacité évocatrice, capable de nous impliquer et de nous hypnotiser avec sa lucidité presque sarcastique.
Il a su, peu de temps avant lui, interpréter de manière efficace et admirable les peurs et les faiblesses des êtres humains, en les traduisant dans un nouveau langage sculptural capable de donner une nouvelle vie à la sculpture sur bois. Sa modernité réside dans l'union parfaite entre un message fort et les signes tangibles de celui-ci dans nos esprits et dans nos comportements.
Il est légitime de se demander, à ce stade, si c'est la société qui façonne les gens et non l'inverse (?). Il s'agit d'un aspect intéressant sur lequel l'œuvre d'Ivan Lardschneider parvient à mettre l'accent avec une grande facilité, en invitant, ou plutôt parfois en forçant, le spectateur à s'arrêter devant cette question, comme pour nous conduire d'une certaine manière à l'autocritique. La légèreté de ses sculptures n'est donc qu'apparente et cache une question tragique et ludique dans les plis du bois : « Qui sommes-nous vraiment devenus ? »
De véritables œuvres d'art qui font clairement référence à certaines simplifications stylistiques du Pop Art, tout en respirant la tradition et la vieille sagesse populaire. C'est peut-être cette combinaison qui laisse une marque inévitable dans le cœur de ceux qui s'arrêtent pour les admirer... Un coup de foudre, une modernité savamment mêlée à l'expérience du passé, une pop néo-classique qui enchante...
C'est précisément le sentiment de déception matérielle qui constitue la première approche naturelle de chaque spectateur vis-à-vis de ses œuvres, qui est ensuite remplacée par la suggestion et l'identification de ces personnages surréalistes et improbables au cou, à la tête et aux membres allongés, magnifiés et énormes. On dirait presque que mettre l'accent sur une partie de notre corps dont nous savons qu'elle nous a fait ressentir sa présence encombrante dans des moments détaillés et inoubliables de notre vie : une tête pour penser, ressentir, souffrir, comprendre,... Des images d'hommes et de femmes perpétuellement « inquiets » et avec la perception constante d'une boule dans la gorge...
Le lien difficile entre originalité et reconnaissance est souvent la principale cause du succès d'un artiste. Lardschneider est donc sur la « bonne voie », au sens matériel et métaphorique du terme, laissant une trace indélébile de son passage auprès des connaisseurs d'art, des collectionneurs, des galeristes et des conservateurs à travers l'Europe.
L'évidente maîtrise technico-conceptuelle qui fait d'Ivan Lardschneider un véritable hors-classe sur la scène artistique.